Les origines du karaté
Le karaté
En japonais, “kara” signifie le vide, plus précisément la vacuité au sens bouddhique du terme et le “te” est la main et la technique avec laquelle on la réalise. “Dō” signifiant voie, “karate-dō” peut être traduit par “la voie de la main vide” et/ou “la voie de la main et du vide”, réalisée par la main et/ou dans le sens “la voie des techniques sans armes dans la main” .
Le karaté est une discipline martiale dont les techniques visent à attaquer (atemi) ou à se défendre (uke) au moyen des différentes parties du corps : doigts (nukite), mains ouvertes (shuto et haito) et fermées (tsuki), avant-bras (uke), pieds (geri), coudes (empi), genoux (hiza).
Bodhidharma et le temple de Shaolin (l’origine mythique), fin du 5e siècle
Selon la légende, un moine bouddhiste du nom de Bodhidharma, après avoir beaucoup voyagé, s’installa dans un temple shaolin où il constata à quel point les moines étaient incapables de se concentrer pour méditer. En effet, ces derniers étaient affaiblis par des exercices ascétiques, des discussions doctrinales sans fin et avaient abandonné toute pratique physique.
Afin de rétablir leur santé et de permettre une union harmonieuse entre le corps et l’esprit, source de toute évolution spirituelle à ses yeux, Bodhidharma leur enseigna des mouvements issus pour une bonne part des arts martiaux indiens et chinois qu’il avait lui-même perfectionnés au cours de ses longs et périlleux voyages. Cette méthode, complétée par des techniques de Hatha Yoga, prit le nom de IChin Ching.
Cette méthode mi-gymnique, mi-martiale fit couler beaucoup d’encre puisqu’elle fut considérée par certains comme étant à l’origine même des diverses pratiques martiales réputées du monastère de la Petite Forêt… donc de la plupart des arts martiaux chinois et, ce faisant, des origines profondes des arts martiaux japonais . Le monastère devint par la suite la plus célèbre école d’arts martiaux.
Le temple Shaolin
De la Chine vers Okinawa
Durant la Dynastie Tang (618 – 907), les empereurs, reconnaissant l’impact et la portée de l’enseignement des moines et de la renommée des monastères Shaolin, décidèrent de leurs accorder un statut spécial sous la protection impériale, et les incitèrent à embrasser une carrière militaire, surtout dans les provinces de Henan (Nord-Est) et Fujian (Sud-Est). L’enseignement de ces techniques a été et est toujours secret. De nos jours, beaucoup de styles d’arts martiaux se disent toujours d’inspiration Shaolin.
Cependant, le tremplin qui permit au karaté de sortir de la Chine et se répandre au Japon survient durant le règne de la dynastie Ming (1368 – 1644) . La province de Fujian, devenue très riche et prospère, voulait étendre ses réseaux de commerce au-delà des frontières et ainsi rejoindre les marchés du Japon. La porte d’entrée à ces marchés était la chaîne d’Îles Ryükyü, qui se situait à demi route entre Fujian et le Japon, dans la Mer de Chine, et dont la plus grosse île était l’Île d’Okinawa. Celle-ci est éventuellement devenue un point de rencontre des cultures chinoises et japonaises, et deviendra le bercail du karaté reconnu mondialement par les quelques 60 à 70 millions de karatekas de la planète.
Les paysans établis depuis des siècles avait développé leurs propres systèmes de combat qu’ils appelaient “TE”. Mais de plus en plus, la présence et l’influence des Chinois qui introduirent des techniques de kenpo, donna naissance à une méthode appelée “Tang-Te”, qui faisait référence à la dynastie Tang qui, jusqu’à ce jour, était la plus grande et la plus longue dynastie ayant régné sur la Chine.
En 1372, un important traité fut signé entre les Îles Ryükyü et la riche province de Fujian en Chine, et ceci a favorisé l’immigration de nombreuses familles riches et influentes de Fujian vers Okinawa. Ceci amorça une autre vague de modifications et de prolifération de techniques et éventuellement, trois styles remplacèrent le Tang-Te.
Trois styles principaux de combat ont émergé en provenence de trois villes différentes sur l’Île : le premier de la ville de Shuri se nommait Shuri-Te, le second de la ville de Naha se nommait Naha-te, et le troisième de la ville de Tomari se nommait Tomari-te.
Les premières armes
Au début des années 1400, l’empereur japonais fit bannir tous les armes de l’Île d’Okinawa par crainte d’un Coup d’état. Ceci donna lieu à un autre étape évolutionnaire du karaté et des arts martiaux : la création et l’introduction des armes artisanales dans les techniques de combat du karaté.
- Une perche d’environ 6 pieds de long devint le Bo.
- Une faux servant à couper le blé devint le Kama.
- Une fourche servant à creuser les tranchées pour semer le grain devint le Sai.
- Des bâtons utilisés pour battre le blé devinrent le Jo et le Boken.
Quand les Japonais ont envahi Okinawa au XVIIe siècle, ils interdirent l’emploi de toutes armes. Pour se protéger, les habitants de la région ont secrètement développé une méthode de combat à mains nues (kara : main, te : vide). De là vint l’utilisation généralisée du nom karaté pour désigner ce style d’art martial.
L’ère moderne
Kanga Sakugawa (1733? – 1815)
Il fut l’un des premiers Okinawans à étudier en Chine. En 1806, il débuta son enseignement d’art martial qu’il nomma Tode Sakugawa et qui se traduit comme Sakugawa – main de Chine.
Sokon Matsumura (1809 – 1896)
Il fut l’un des élèves de Maitre Sakugawa. Il enseigna par la suite un mélange de Te et de style Shaolin qui devint Shorin-ryu.
Anko Itosu (1831 – 1915)
Il fut un élève de Matsumura. Il est connu comme le père du karaté moderne. Anko Itosu a créé certaines formes et katas simplifiés pour des karatékas moins avancés. Il permit aussi au karaté à gagner en popularité vis-à-vis les autres arts martiaux. Il introduisit également de nouvelles formes d’instruction dans les écoles d’Okinawa sur certaines techniques et katas qui sont toujours en vigueur aujourd’hui.